Première impression au réveil : mais c'est immonde, ça fait 3 jours que je me suis pas lavé !!! sniff sniff : mais je pue beurk ! Ça fait aussi 3 jours que j'ai pas ch... je me sens tout gonflé !
Mais pas le temps de m'occuper de tout ça, le petit déjeuner (avec des vaches qui rient) avalé, il faut partir ...
La fatigue de la veille semble avoir disparu. Nous longeons le pied de la dune qui masque encore le soleil, les couleurs sont un camaïeu de gris, la silhouette des acacias fait ombre chinoise sur le fond dunaire. Tout est beau.
J'oublie ma crasse et cette impression d'être couvert d'un enduit glaireux. Discrètement je constate que mes camarades de désert ne sentent pas mauvais, d'ailleurs je ne me sens plus, je suis un peu rasséréné.
Quand soudain, des traces de 4x4 et au milieu, horreur dans toute cette beauté : un paquet (vide) de Marlboro ! Nehmoud s'arrête et, solennellement se baisse, sort son briquet et brûle cet ignoble vestige de l'impérialisme américain !
Notre chemin monte peu à peu, la vue s'étend sur des dunes à perte de vue. Le soleil apparaît et c'est à nouveau le spectacle fascinant des couleurs changeantes. Il fait encore assez frais, le moment est divin, la marche agréable. Et quelques amas éparpillés d'ossements desséchés ajoutent à la couleur locale.
Au fur et à mesure que le soleil se lève, la montée devient plus raide et nous escaladons un difficile éboulis pour atteindre un plateau. Pour l'instant nos belges tiennent le coup.
Le plateau est constitué de belles et grandes dalles rocheuses noires veinées de rose, les interstices sont comblées de sable rose. Ça résonne sous nos pas, la roche s'effrite facilement, l'atmosphère est bien différente de celle des dunes. Le plateau descend très progressivement et la marche est facile.
Nous gagnons ainsi une autre vallée beaucoup plus large, et le village de Maaden à l'habitat dispersé. Les maisons ont des murs de pierre et des toits de branches. Quelques habitants nous saluent gentiment et nous arrivons au centre du village où nous sommes rapidement entourés d'une multitude d'enfants de tous âges. A notre grande surprise ils parlent tous français et sortent tous de l'école. "Comment tu t'appelles" est leur question favorite. Des grands nous montreront leurs cahiers de physique ! Plus loin nous rencontrons une mauritanienne enseignante qui nous apprend que le village est en deuil depuis la mort de son bienfaiteur, un médecin français ayant pratiquement toujours vécu ici.
Toujours accompagnés d'une troupe de beaux enfants rieurs, nous traversons ce village qui est très étendu.
Une mignonne gamine aux cheveux rouges de henné tombe amoureuse de Catherine et ne la quitte plus.
Arrêt à un minuscule bazar où je fais l'acquisition d'un magnifique chèche bleu-touareg d'occasion à l'odeur "sui generis" : le chapeau c'est gentil mais quand ça tape, ça ne protège que le sommet du crâne. Le chèche permet de mieux se protéger du soleil mais permet surtout, malgré les apparence, de maintenir une certaine fraîcheur. De plus, quand le vent souffle ça limite les infiltrations de sable.
On remarque que toutes les maisons du village sont marquées par un œil peint au dessus de la porte. Ça n'a aucune signification magique, c'est simplement le signe que la maison a été visitée par les équipes sanitaires qui vaccinent contre la rougeole : le trachome, redoutable complication, rend des milliers de gens aveugles dans les pays sous-développés.
Nous quittons le village et ses enfants. Nous n'avons pas vu un seul chien et nous n'en verrons d'ailleurs jamais : les seuls animaux errants sont des chèvres. Plus loin, nous faisons halte dans la palmeraie d'Aguememin autour d'un puits, pour le déjeuner et la sieste. L'ombre est agréable, l'eau du puits nous rafraîchit. Après le déjeuner, Nehmoud nous choisira à chacun un gîte abrité pour dormir en sécurité. Nous repartirons en milieu d'après midi.
Avant de partir, j'ai la bonne idée de tremper mon chèche dans l'eau fraîche du puits avant de l'enrouler autour de ma tête. Nehmoud se précipite sur moi pour me l'enlever : trop tard, ma jolie figure est maintenant striée d'indigo qui mettra plusieurs jours à s'effacer !
Du coup j'achète un nouveau chèche identique (mais neuf) à une des femmes qui avaient exposé leurs bijoux et tissus. Celui-là ne sent rien, c'est pas plus mal !
La suite est moins drôle.(à suivre)
2 commentaires:
de mieux en mieux !
" les belges tiennent le coup " ....pas etonnants si ......" la roche
s'effrite " !
" les ossements desséches " ....: quelqu'un a perdu son billets de
retour ????
curieux pour la suite !
c'est mieux qu'un album de Tintin
Ouh ouh c'est quoi ce bidon qui dépasse sur la photo avec le chèche? ça se voit que t'as pas ch... euh, pardon, je m'égare :)
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